L'Empire

Valérie Donzelli, figure incontournable du cinéma français, nous emmène dans "Rue du conservatoire", un documentaire touchant et personnel. Invitée en 2023 à donner une master class au prestigieux Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, Donzelli se replonge dans ses souvenirs des années 90, époque où elle-même avait tenté, sans succès, d'accéder à cette institution. C'est une immersion dans un univers vibrant que nous offre la réalisatrice, où une jeunesse bouillonnante de talent et d'énergie s'active autour d'elle. La rencontre avec Clémence, une élève de dernière année, ajoute une couche d'intimité et de complicité au récit. Lorsque Clémence lui propose de filmer les répétitions de "Hamlet", c'est comme ouvrir une fenêtre sur le laboratoire créatif des comédiens en herbe. Quels défis rencontrent ces futurs acteurs ? Comment parviennent-ils à insuffler une nouvelle vie à des classiques intemporels ? Le documentaire explore ces questions avec une sensibilité et une candeur qui touchent au cœur. L'atmosphère est à la fois studieuse et pleine de vie, capturant avec brio les tensions et les joies du processus créatif. Le format, entre confidences et captations brutes, confère à l'œuvre une authenticité rare. Valérie Donzelli nous livre ainsi un regard unique sur le parcours de formation des comédiens, tout en partageant ses propres réflexions sur l'art de jouer. C'est une ode à la passion théâtrale, une œuvre à la fois nostalgique et résolument tournée vers l'avenir.

Dans "À son image", un drame poignant, le spectateur est transporté dans les tumultueuses années 1980 en Corse, un théâtre de tensions entre nationalisme fervent et rivalités mafieuses. Antonia, une photographe talentueuse pour le journal Corse-Matin, se retrouve malgré elle au cœur de cette tourmente. Mais que cache réellement son compagnon, Pascal, derrière ses activités mystérieuses ? L'histoire s'étend sur plus de trente ans, où se mêlent amours, amitiés et engagements politiques. Le film aborde avec intensité les dilemmes moraux et la quête de vérité dans un contexte où loyauté et trahison s'entrecroisent. Les paysages corses, aussi beaux que dangereux, servent de toile de fond à cette fresque humaine. La photographie, omniprésente, devient un personnage à part entière, capturant les instants fugaces d’une époque complexe. Une œuvre qui interroge sur le pouvoir de l'image et l'écoulement inexorable du temps. "À son image" promet une plongée vertigineuse dans l'âme corse et les tumultes de l'Histoire.

Londres, en pleine Seconde Guerre mondiale, suit le parcours d'Elizabeth "Lee" Miller, une photographe de mode audacieuse qui devient la première femme correspondante de guerre pour "British Vogue". Ancienne mannequin et muse des surréalistes, Lee parvient à obtenir son accréditation auprès de l'armée américaine. Elle commence par documenter les bombardements allemands sur Londres, avant de se rendre en Normandie pour capturer le débarquement des soldats alliés, révélant à travers son objectif les horreurs et la beauté de la guerre.

Dans "Les jolies choses", le spectateur est transporté dans une exploration poignante de l'identité et des choix de vie. Marion Cotillard, dans un rôle magistral, incarne deux sœurs jumelles aux trajectoires si différentes qu'elles semblent sorties de mondes parallèles. L'une, éprise de liberté et de musique, menait une existence effrénée à Paris, jusqu'à ce que le destin frappe tragiquement. L'autre, plus rangée, hésitante face à l'inconnu, se voit soudain plongée dans l'univers tourmenté de sa sœur disparue. Quel prix sommes-nous prêts à payer pour réaliser les rêves des autres ? Le film pose cette question brûlante tout en dévoilant les artifices et les vérités du monde du spectacle. Le Paris des années 2000 sert de toile de fond à cette réflexion intense sur la quête de soi et l'amour fraternel. L'alchimie entre les acteurs et la bande sonore audacieuse insufflent à l'œuvre une atmosphère à la fois mélancolique et vibrante. Inspiré d'un roman de Virginie Despentes, ce drame poignant est un miroir tendu vers nos propres contradictions. Chaque scène, chaque note, éveille en nous ce désir inassouvi de comprendre qui nous sommes vraiment. Une œuvre magistrale qui, sans nul doute, continue d'émouvoir et de questionner longtemps après le générique de fin.